Les écrans provoquent des troubles de l’attention : vrai ou faux?
À la maison et désormais à l’école, les écrans envahissent notre quotidien. Ce sont des outils dont l’utilité est indéniable, mais qu’en est-il de son usage récréatif, en particulier chez les enfants?
L’attention volontaire (ou focalisée) et l’attention réflexe : 2 rôles différents
Les écrans produisent des troubles de l’attention volontaire, celle que l’on utilise pour lire un texte ou pour comprendre ce que nous explique un professeur, par exemple. Plus un enfant est exposé jeune aux écrans, plus les risques sont élevés car l’attention volontaire ou focalisée n’est pas présente naturellement chez les bébés.
La seule attention que possède un bébé est l’attention réflexe, c’est-à-dire elle qui lui fait tourner la tête lorsqu’il entend un bruit ou perçoit une lumière, par exemple. Or, les écrans stimulent très fortement cette attention réflexe alors que le cerveau du jeune enfant est en pleine construction : il sera mature seulement à 21 ans! Sabine Duflo, psychologue et thérapeute familiale (et auteure du livre « Quand les écrans deviennent neurotoxiques »), nous rappelle que l’attention focalisée se construit grâce à la qualité de la relation avec les parents : les interactions, le regard, etc. Si l’enfant est régulièrement devant un écran ou si les parents eux-même regardent plus souvent leur téléphone portable que lui, cette attention ne se développera pas.
L’attention volontaire ou focalisée est celle qui permet l’apprentissage et la compréhension du monde, donc sans elle, cela devient impossible.
C’est pourquoi une « hygiène digitale » est préconisée, autour des « 4 pas » :
- Pas d’écran le matin
- Pas d’écran pendant les repas
- Pas d’écran avant de se coucher
- Pas d’écran dans les chambres
Troubles du langage et troubles du sommeil
Outre le problème de l’attention volontaire, les troubles du langage sont aussi une véritable inquiétude exprimée notamment par les orthophonistes qui essaient d’alerter également sur l’usage des écrans. Pour acquérir correctement son vocabulaire, l’enfant a besoin du regard et de l’intention d’un personne en face de lui. Selon Michel Desmurget (voir notre article), chercheur en neurosciences à l’INSERM de Lyon (auteur de l’ouvrage « La Fabrique du crétin digital), le fait qu’un écran soit un bon outil d’apprentissage est une idée fausse ; on ne remplacera jamais un bon professeur à cet effet.
Cela ne s’arrête pas là ; on le sait depuis longtemps, passer trop de temps devant des écrans, notamment le soir, à cause de la lumière bleue qui bloque la production de mélatonine (l’hormone du sommeil), l’entrée dans le sommeil est retardée, et celui-ci est donc troublé. Au delà d’un exposition à 2h/jour en usage récréatif, on peut en effet aller à un déficit de sommeil >2h pour une latence d’endormissement >60min. Or, on sait que pour de bons apprentissages et un métabolisme sain, l’enfant a besoin d’un sommeil de qualité.
Des problèmes de surpoids liés à un manque d’activité
Enfin, bien entendu, passer beaucoup de temps devant son écran va de paire avec une diminution (souvent drastique) des activités physiques. Adieu les parties de foot en plein air, les balades en roller ou les explorations hasardeuses au profit d’un après-midi sur Fortnite ou devant Netflix… qui n’est pas tombé dans le piège de « l’épisode suivant » à n’en plus finir?
On note donc un nombre considérables d’effets néfastes qui devraient davantage nous alerter sur notre consommation d’écrans, qui est, pour le neuroscientifique Michel Desmurget, de l’ordre du démentiel…