Le nouveau service de « récompense » encourageant le visionnnage de vidéos, lancé sur TikTok par le groupe chinois ByteDance est passé au crible et menacé de sanctions par la commission européenne. L’application décide de suspendre sa nouvelle fonctionnalité.
Gagner de l'argent juste en passant du temps sur les réseaux ? C'est ce que propose TikTok Lite, nouvelle version lancée en France et en Espagne fin mars dernier. Le principe? Gagner des "puntos" (pièces virtuelles) convertibles en bon d'achat sur Amazon par exemple (tiens donc !). Concrètement, 100 puntos = 1 centime d'euro. Temps de visionnage, "likes", posts... toute action mérite récompense : 150 puntos pour une minute de visionnage, 1500 pour 10 minutes, 150 pour trois vidéos "likées". Rien que pour le téléchargement de l'appli, l'abonné reçoit 300 puntos, et peut activer un rappel quotidien pour penser à ouvrir l'application... Une boucle bien bouclée !
Affirmatif mon capitaine, et c'est la crainte pour les plus jeunes. La Commission Européenne - Big Boss de l'UE - passe au crible cette nouvelle appli, la jugeant risquée pour la santé mentale de ses utilisateurs, -en particulier les plus jeunes- et l'accusant de bafouer le Digital Services Act (DSA) - loi européenne. Même si de son côté, TikTok affirme (la main sur le coeur) que ces risques sont limités puisque cette fonctionnalité est réservée aux majeurs, on sait bien qu'en pratique cette règle se contourne (easy).
Thomas Rohmer, directeur de l'Observatoire de la parentalité et de l'éducation numérique exprime son inquiétude pour le plus jeune public : "on est très inquiet par rapport à ce que cela pourrait impliquer pour les enfants, on sait toutes et tous qu'il être très compliqué de les éloigner de cet outil". La Commission Européenne appuie cette inquiétude estimant l'outil "aussi toxique et addictif que les cigarettes légères".
Le DSA vise notamment à protéger les utilisateurs en obligeant les plateformes et applis à évaluer et limiter les risques à leur lancement. De ce fait, TikTok est contraint de fournir ces informations, au risque d'encourir une amende allant jusqu'à 1% de son chiffre d'affaires. Comme on sait que pour ces géants du numérique l'argent n'est pas un frein suffisant, la firme doit aussi apporter les preuves que Lite ne nuit pas à la santé mentale de ses utilisateurs. Thierry Breton, commissaire européen au numérique, est formel : "Nos enfants ne sont pas des cobayes pour les réseaux sociaux".
Face à cette inquiétude et cette polémique, TikTok a finalement annoncé sur X la suspension de son système de récompense le 24 avril dernier : "Tik Tok cherche toujours à s'engager de manière constructive avec la Commission européenne et les autres régulateurs. C'est pourquoi nous suspendons volontairement les fonctions de récompense dans TikTok Lite pendant que nous répondons auc préoccupations qu'elles ont soulevées. "
Sur liste rouge également aux États-Unis car accusé d'espionnage des citoyens américains pour le régime chinois, TikTok file aussi un mauvais coton aussi outre-atlantique. Un texte de loi visant à interdire TikTok aux US a été adopté par la Chambre américaine (= Assemblée Nationale pour la France), si l'appli ne s'émancipe pas de sa maison-mère chinoise ByteDance. S'il entre en vigueur, il obligerait celle-ci à vendre sa célèbre application dans un délai de 180 jours, au risque sinon de se voir exclue des installations depuis Google et Apple au sein du pays. Ce texte a été voté haut la main, réunissant démocrates et républicains autour d'une décision commune. L'affaire est désormais entre les mains du Sénat qui examine la proposition.
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